LE HERRGOTTSBERG

 

C’est sous ce vocable que les anciens Farschvillérois connaissent la petite butte sur laquelle trônait le presbytère = ‘‘la montagne du Seigneur’’.

 

Au 18ème siècle, le village d’alors ne comportait que très peu de rues. Il s’étendait du presbytère jusqu’à l’actuel centre du village.

 

Il est difficile de retrouver l’origine du nom de ‘‘Herrgottsberg’’.

Peut-être est-ce tout simplement parce que, sur cette petite butte, résidait le curé, qui, dans les temps anciens, était un peu comme le représentant du Seigneur au milieu du peuple que lui confiait l’Eglise. D’ailleurs, et jusqu’à assez  récemment, le prêtre était appelé ‘‘der Herr’’.

Cependant certains anciens pensent que ce nom pourrait trouver son origine dans le fait que l’une des maisons implantée presqu’au sommet de cette petite butte, était habitée par la famille Hergott. En 1827 que Pierre Hergott, originaire de Gaubiving, épousa Anne-Marie Carbiner de Farschviller.

 

Depuis la construction, au 12ème siècle, de la première église Saint-Denis plus connue sous le nom de Mutterkirche, en l’absence d’archives de cette époque, on peut supposer que les prêtres qui desservaient ce lieu de culte, résidaient dans le village.

 

Les plus anciennes sources d’archives nous révèlent qu’en 1726, l’abbé Mathias GOUVIENNE résidait dans la maison curiale de Farschviller. Mais nous ne savons que fort peu de choses sur cette bâtisse.

 

Un document de 1858 émanant de l’entrepreneur SCHATZ nous la décrit ainsi :

 

‘‘Le presbytère de Farschviller, des plus modestes, était construit des plus économiques, pour donner un logement convenable au prêtre. Il  se trouvait dans un état de délabrement qui vient de s’augmenter encore dans ces derniers jours par un tassement considérable de la façade vers le jardin et qui a menacé d’entraîner la maison. Par un fort étançonnement, on a cherché à consolider le bâtiment et à arrêter les progrès du tassement pour pouvoir, s’il est possible, conserver pendant l’hiver le logement  de M. le curé’’.

 

Ce même document nous dit également que cette maison était située exactement au même emplacement que l’actuel presbytère et possédait les mêmes dimensions : ‘‘12,30 mètres de façade sur 11 mètres de pignon’’.

 

 

Dans le jardin, sur l’arrière du bâtiment, il y avait un bûcher.

 

La maison était entourée de vastes jardins et vergers.

 

La mention ‘‘modeste’’, qu’utilise l’architecte SCHATZ pour décrire brièvement le presbytère, laisse à supposer que cette habitation n’avait probablement pas d’étage supérieur.

 

En 1824, un devis pour un montant de 3.390,22 francs envisageait la construction d’une chambre de domestique, d’une écurie et d’une grange en mitoyenneté du presbytère. Leur réalisation a débuté en 1826.

 

Le 27 octobre 1827, l’entrepreneur SCHWARTZ réalise un devis demandé par la commune pour diverses réparations à réaliser dans ce bâtiment. Ces quelques éléments nous permettent d’imaginer quelque peu cet ancien presbytère dont on ne possède toutefois aucune gravure, ni de description plus précise.

 

·       Le pavé en briques du corridor est à changer : il sera refait en pierres de taille.

·       Les pignons du grenier en bois seront remplacés par de la pierre de taille.

·       La porte de la cave est à remplacer.

·       Dans la chambre du curé, une croisée à 2 battants en bois doit être remplacée.

·       Le couvercle qui recouvre le puits dans la cour, doit également être remplacé.

·       Le four sera doté d’une porte en fonte.

·       30 m2 du crépi du pignon de la maison sont à remplacer.

·       2 m2 de crépi du mur de la cuisine sont également à remplacer.

·       Le plafond de la cuisine est à reblanchir.

 

·       La cour devant la maison doit être clôturée par une balustrade en bois de chêne. Celle-ci sera percée de 2 portes : une pour le voiturier et la seconde pour les piétons.

En 1842, le maire demanda la construction d’un mur autour du jardin du curé. Ce devis s’élève à 1.291,06 francs. Le 16 mars 1842, le préfet accorde l’autorisation de sa construction.

A l’automne 1858, la maison curiale menace de s’effondrer. Le maire estime que la construction d’un nouveau presbytère est plus qu’urgente. Le 20 octobre de la même année, l’architecte SCHATZ de Sarreguemines établit un devis pour la reconstruction du presbytère. Celui-ci s’élève à  13.500 francs.

A cette époque, la commune ne disposait que 11.000 francs de recettes, mais dépensait 17.000 francs : ses comptes accusaient donc un déficit annuel de 6.000 francs. Et, de plus, il lui fallait trouver une somme de 13.500 francs pour la réalisation du presbytère.

 

Le sous-préfet estima alors que les travaux de la fontaine devaient être suspendus, le presbytère étant devenu la priorité : les travaux sur la fontaine ne pourraient reprendre que lorsque les comptes communaux seraient à nouveau en équilibre.

 

 

Pour combler quelque peu son déficit, la commune organisa une coupe extraordinaire de bois de taillis de 8,30 hectares qui rapporta 5.996 francs.

Il semble bien que le curé soit resté à demeure tout l’hiver, en dépit du risque d’effondrement du bâtiment. Mais au printemps, pour le lancement des travaux de reconstruction, il était devenu nécessaire de reloger le curé. Le 21 avril 1859, le maire demanda l’autorisation au sous-préfet de loger le curé dans la maison d’école.

En échange, l’instituteur s’instal-lerait dans la nouvelle maison (destinée à l’école des filles et à la salle d’asile) qui disposait à son étage de 3 chambres et d’une petite cuisine. Il pourrait tenir sa classe dans l’école des filles. Quant à la religieuse institutrice, elle serait logée dans une chambre louée aux frais de la commune et tiendrait ses cours dans la salle de l’asile. 

Le préfet, l’évêque et le rectorat donnèrent tous trois leur aval quant à cette proposition de relogement.

 

La reconstruction du presbytère pouvait débuter.

 

 

LE PRESBYTERE

Le 20 octobre 1858, l’architecte SCHATZ de Sarreguemines, à la demande du maire de l’époque, établit un devis pour la reconstruction du presbytère. Ce devis  s’élevait à  13.500 francs. Le 7 janvier 1859, Mgr Paul Georges Marie DUPONT des LOGES, évêque de Metz, émet une l’ordonnance par laquelle il  demande à la paroisse d’assurer un logement digne de ce nom à son prêtre. Le conseil de fabrique ne pouvant prendre en charge le montant de la construction, c’est la commune qui s’engage à régler la dépense.

 

Aucun plan de l’architecte n’est parvenu jusqu’à nous, mais, son devis donne une description très détaillée du futur bâtiment.

 

Le rez-de-chaussée se compose d’un vestibule d’entrée suivi, à droite, de la cage d’escalier.

Sur le devant se trouve la cuisine, qui communique par une porte avec la buanderie et le four : buanderie et four donnent sur l’écurie et la chambre du domestique.

A gauche, on trouve la salle à manger ainsi que la chambre du prêtre et son antichambre.

Le premier étage se compose de la cage d’escalier, de 2 chambres à coucher avec antichambre vers le Sud-Est, d’une grande chambre d’invité avec alcôve à l’Est et une bibliothèque vers le Nord.

Au dessus de cet étage, se situe un vaste grenier.

Sous les pièces de devant et de la cage d’escalier se trouvent des caves voûtées, avec entrée sous l’escalier et vers la cour.

La cuisine dispose d’une pompe à eau dont le puits est creusé dans la cave.

Le cabinet d’aisances, placé à l’extérieur, a une entrée sous l’escalier.

 

Le sable proviendra de Saint-Avold, la chaux de Puttelange, le plâtre de Hellimer, la pierre de taille d’etzling et les moellons de Farschviller.

L’estimation du devis de M. SCHATZ s’élève de 16.000 francs. La reprise de l’ancien bâtiment est estimée à 2.500 francs. Manquent donc 13.500 francs.

 

Les travaux devront être effectués pour le 1er juillet 1860, sous peine d’une retenue de 20 francs par semaine à l’entrepreneur, le bâtiment devant être couvert pour le 1er  novembre 1859.

 

Les travaux sont suspendus les dimanches et jours de fêtes

Cinq entreprises : BOTZ de Forbach, LANDFRIED de Hellimer, PAUL de Pange, BOUR de Grosbliderstroff et HEN de Saint-Jean-Rohrbach, furent consultées. 

 

Chacune d’entre elles devait présenter une offre et le montant du rabais qu’elle était prête à consentir, la plus avantageuse devant -bien sûr- être retenue. L’entreprise BOTZ proposa un rabais de 7% et conclut donc le contrat.

Le presbytère actuel est donc antérieur à notre église actuelle.

Il est flanqué deux bâtiments annexes, le premier abrite la buanderie et le four à pain. Quant au second, il abrite la chambre du domestique, une grange, une étable et une écurie.

 

A l’arrière, on trouve un verger et un grand pré pour les vaches et les chevaux du prêtre. 

Dans la cour devant le presbytère, entourée tout d’abord d’une palissade, puis d’un mur, se trouvait le potager.

 

 

C’est l’abbé Jean-Michel PICARS qui suivit le déroulement de la construction du presbytère et y vécut ses deux dernières années. 

L’abbé Stanislas MULLER, son successeur, y résida durant 27 années en tant que curé, puis, durant 2 années, comme prêtre retraité, jusqu’à sa mort en 1891.

Son jeune vicaire, l’abbé Paul BONAVENTURE, lui succéda, en 1889, après 6 années de vicariat.

Deux mois après la mort de l’abbé Stanislas MULLER, qui avait, quant à lui, porté l’édification de l’église Saint-Denis à bout de bras, le nouveau curé, BONAVENTURE, fit procéder à quelques modifications et restaurations

Le carrelage de la cuisine et du couloir fut remplacé par de la faïence de Sarreguemines, ce qui était alors un produit de luxe. Les toilettes quittèrent le fond du jardin et furent annexées à l’arrière de la maison, progrès notable pour l’époque. 

Quelques décennies passèrent. C’est en 1961, avec l’abbé MONNET, qu’un vent de modernisme souffla sur les vieux murs. Ecurie, étable et grange furent aménagées en garages.

Une pompe électrique amena l’eau jusqu’à la cuisine et les sanitaires ; une douche équipa le presbytère. Une grande partie des travaux fut réalisée par le curé lui-même. Son successeur, l’abbé Lucien MULLER, plus intellectuel que manuel, n’apportera que fort peu de changements au bâtiment. Innovateur en liturgie, mais conservateur dans son chez-soi, les seules améliorations qu’il consentira à s’octroyer seront l’installation du chauffage central et du double vitrage ainsi que la pose de linoléum dans les pièces du rez-de-chaussée.

Depuis son départ, en 2001, la belle bâtisse demeure inoccupée. Elle n’hébergea certainement plus aucun clerc. Elle aura cependant abrité pas moins de 7 prêtres et accueilli d’innombrables paroissiens venus chercher aides et consolation.

 

Le presbytère et ses dépendances furent définitivement détruits au mois de décembre 2015.